Histoire Ebook - Moncomble YannRecension d'ouvrages rares et interdits2024-03-27T00:17:43+00:00Histoire Ebookurn:md5:ab01485ca667d10c10168268ea085a51DotclearMoncomble Yann - L'irrésistible expansion du mondialismeurn:md5:e08f6d2b2285dcb719409e9103f53eed2014-08-31T17:34:00+01:002014-08-31T18:16:17+01:00balderMoncomble YannAmériquesConspirationEuropeEx-Libris LenculusFranc-maçonnerie <p><img src="https://histoireebook.com/public/img3/Moncomble_Yann_-_L_irresistible_expansion_du_mondialisme.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Moncomble Yann</strong><br />
Ouvrage : <strong>L'irrésistible expansion du mondialisme</strong><br />
Année : 1981<br />
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Préface. Le succès bien légitime de son précédent ouvrage, La Trilatérale et les Secrets du Mondialisme, paru l'an dernier, a incité mon ami Yann Moncomble à publier ce nouveau livre. Dans le premier, il passait en revue les organisations se réclamant du mondialisme et qui sont parvenues à placer dans les avenues du pouvoir ou aux rouages essentiels des Etats, tant d'agents discrets, tout dévoués aux grands intérêts de la Haute Finance internationale. Il y était question de la Trilatérale, la plus connue de nom en tout cas et, probablement, l'une des plus agissantes et des plus pernicieuses; dont j'ai moi-même longuement parlé au moment de son introduction en Europe, ainsi que d'une foule d'associations, de clubs, de mouvements, d'organismes et d'officines, non moins discrets, introduits dans les milieux les plus divers et exerçant, en leur sein, une influence souvent considérable. Yann Moncomble, le premier en France a réuni sur la Round Table et Bilderberg, le Royal Institut of International Affairs et le C.F.R., la Pugwash et l'Institut Atlantique, pour ne citer que cette demi-douzaine d'organisations mondialistes, une documentation vraiment exceptionnelle. Démêlant les liens tenus et invisibles qui les lient si souvent au Big Business et à la City, il nous a fait entrevoir la servilité de leurs animateurs officiels à l'égard des grands intérêts cosmopolites. Chercheur habile, d'une opiniâtreté exceptionnelle et d'un flair sans égal, Yann Moncomble a débusqué nombre de personnages et d'entreprises, dont l'activité souterraine, en tout cas confidentielle, échappait à nos investigations. Il continue aujourd'hui dans L'irrésistible expansion du mondialisme. Des centaines de personnalités de la politique, de la diplomatie et de la finance sont ainsi épinglées au tableau de la conjuration mondialiste comme le ferait, des plus beaux spécimens, un collectionneur de papillons. Sans jamais faire preuve d'animosité à l'égard des hommes, cet entomologiste d'un genre très particulier s'emploie à nous présenter chacun de ces personnages qui se font les instruments dociles, parfois inconscients, il faut bien le dire, d'une odieuse machination contre les peuples. Il démasque également ces mystérieuses sociétés qui se présentent à nous cornme des organisations humanitaires et qui ne sont que les courroies de transmission d'un pouvoir occulte, avide et sanguinaire. En premier lieu, Amnesty International : Yann Moncomble en fait l'historique avec minutie et sans complaisance. Vous apprendrez par lui comment un garçon sympathique, dont la famille a été victime d'une aveugle répression en Irlande, circonvenu par de trop rusés inspirateurs, en est venu à constituer un organisme dont l'objet essentiel n'est plus que la défense des terroristes. Vous connaîtrez ainsi les arcanes de cette société aux ramifications multiples et les noms des associés et des commanditaires de son principal animateur. A d'autres organisations, moins connues mais tout aussi agissantes, l'auteur de ce livre consacre plusieurs chapitres documentés et révélateurs: la Pan-Europe, de feu Coudenhove-Kalergi, fils d'un héritier de Byzance devenu diplomate de François-Joseph et d'une élégante sujète du Mikado, et les International Conferences on the Unity of the Sciences dont le maître de la secte Moon est l'inspirateur et le financier, font l'objet d'exposés éloquents. L'ensemble de ce réquisitoire mesuré et sans faille est précédé d'un historique de l'évolution du mondialisme, de la Révolution Française à nos jours. C'est probablement la partie la plus importante de l'ouvrage: elle permettra au lecteur de mieux comprendre comment tant de gens de bonne foi se sont laissés embarquer dans cette galère et y rament sous la direction des pires adversaires de leurs idées ou de leurs principes, pourquoi d'admirables défenseurs de la Nature, par exemple, qui se sont jetés à corps perdus dans le combat contre un "progrès" inhumain, se trouvent associés à une action particulièrement néfaste. Faut-il voir là les résultats d'un adroit noyautage qui, inlassablement poursuivi, rallie chaque jour à une cause funeste, parmi des ambitieux et des arrivistes, tant d'honnêtes et courageux citoyens ? La lecture de ces pages vous permettra de vous faire une opinion et, sans doute, de ne pas tomber à votre tour, dans le piège grossier du mondialisme. Henry COSTON. <strong>...</strong></p>Moncomble Yann - Du viol des foules à la Synarchie ou le complot permanenturn:md5:ffd7d338b22de41ff7bf696632d32c5f2012-12-26T23:27:00+00:002017-03-07T13:09:28+00:00balderMoncomble YannConspirationEuropeEx-Libris LenculusMartinismePropagandeSynarchie <p><img src="https://histoireebook.com/public/img/Moncomble_Yann_-_Du_viol_des_foules_a_la_Synarchie_ou_le_complot_permanent.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Moncomble Yann</strong><br />
Ouvrage : <strong>Du viol des foules à la Synarchie ou le complot permanent</strong><br />
Année : 1983<br />
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Serge Tchakhotine ou Le Viol des Foules par la propagande politique. En 1944, un certain Serge Tchakhotine fondait une organisation du nom de s.a.l. — Science Action Libération. La personnalité et la vie hors du commun de ce personnage nous oblige à donner ici une étude détaillée de sa biographie afin d’essayer de comprendre le pourquoi et le comment de certains faits. Né le 13 septembre 1883 à Prinkipo, près de Constantinople, il est le fils d’un consul russe, Stepan Ivanovitch Tchakhotine et d’Alexandra Motzo, d’origine grecque. Son père appartenait à une secte « Les Vieux Croyants » qui pratiquait des moeurs très sévères et qui se montrait extrêmement laborieuse. Il fut successivement interprète au Consulat Impérial de Russie à Constantinople, vice-consul à Jérusalem, puis consul de Russie à Nich, en Serbie. Serge Tchakhotine, élève à l’université de Moscou, fait partie dès 1902 du mouvement de la jeunesse universitaire anti-tsariste qui organise une des premières manifestations en se barricadant dans les locaux de l’université. L’affaire se termina à la prison de Boutyrki. Ce fut là un tournant pour Serge Tchakhotine... Son père, diplomate du Tsar, fit des démarches et obtint la libération de son fils à la condition qu’il quittât la Russie. Il partit donc avec sa mère en Allemagne, à Munich, où il s’inscrivit à la Faculté de médecine. Se liant avec le milieu russe très important à cette époque, et avec des gens tels que Arnoldi Yakouchkine, les frères Kananoff et Woulf, ceux-ci lui firent connaître le mouvement social-démocrate allemand. C’est à cette époque qu’il lisait le journal révolutionnaire Iskra de Lénine, mais bien qu’au début ses sympathies allaient du côté des bolcheviks, très rapidement, il glissa vers l’aile gauche des mencheviks et adhéra au groupe de Plekhanov et d’Axelrod. Quittant Berlin, il s’inscrit à Heidelberg, à la faculté des sciences, où il fait la connaissance du professeur Otto Bütschli et du docteur Salmanoff, qui travaillait alors comme assistant dans la clinique du célèbre professeur Erb. C’était un spécialiste des mouvements politiques et sociaux. Très lié avec Zavadsky, collaborateur du professeur Tchakhotine, Zavadsky et Emma — femme de Tchakhotine : il s’était marié entre-temps — partirent à Villefranche-sur-Mer, où il poursuit ses recherches à la station zoologique marine. Zavadsky, membre du Parti socialiste révolutionnaire, avait été envoyé par le Parti à Villefranche, en mission secrète, et Tchakhotine avait consenti à l’aider. Son travail consistait alors à recevoir des bonbonnes d’acide nitrique et de glycérine, commandées en son nom au titre de substances nécessaires à ses travaux scientifiques. La nuit, ces bonbonnes étaient transportées dans la baie de Villefranche où une villa était louée par deux couples d’étrangers qui étaient en réalité membres d’un groupe de combat socialiste révolutionnaire. C’est là que, la nuit, ils fabriquaient des explosifs et des bombes qui étaient ensuite acheminés en Russie. Ce groupe de combat terroriste du parti social révolutionnaire était dirigé par un mystérieux personnage surnommé « l’oncle » et qui, en réalité, n’était autre que le fameux provocateur Azeff. « J’ai eu une fois l’occasion de le voir, écrit Tchakhotine dans ses mémoires privés. Il était laid, avec des grandes oreilles décollées et un cou de taureau ; il avait l’aspect maladroit et repoussant. » Cette précision est très importante en ce qui concerne le cas Azeff car, jusqu’ici, personne n’avait jamais su qu’il avait été à Villefranche. Le régime tsariste s’étant entre-temps assoupli, Tchakhotine retourne à Odessa, au cours de l’été 1909, où il prépare l’examen d’agrégation. C’est à cette époque qu’il élabora un système de fiches et se mit à poser les bases de la méthode « m. t. » (massetemps) — qu’il perfectionna toute sa vie — et qu’il publia une brochure intitulée La langue internationale de la science, dans laquelle il donna l’idée d’une langue auxiliaire internationale, qui lui paraissait une nécessité logique pour l’organisation de la documentation scientifique. Pendant l’hiver de la même année, il se rend à Moscou et à Kazan, où il retrouve son ami le révolutionnaire Alexandre Mikhailovitch Zavadsky, devenu professeur agrégé à l’université. Ensuite il retourne à Heidelberg. En 1912, se rendant à Saint Petersbourg afin de voir s’il ne lui serait pas possible de reprendre son travail scientifique en Russie, il rencontre le docteur Pavlov qui s’intéressait de très près aux travaux de Tchakhotine sur la microponcture. Cet éminent savant lui offrit sur-le-champ un poste d’assistant au laboratoire de physiologie de l’Académie des Sciences. Juste avant la grande guerre, en voyage à Todtmoos dans la forêt Noire, en compagnie de Charlotte Weigert — une Israélite qui, voulant rencontrer Tchakhotine à Saint Petersbourg et ne pouvant pas obtenir un visa étant donné ses origines juives, s’était convertie à la foi luthérienne — ils furent surpris par la déclaration de guerre, et ne purent quitter Todtmoos à temps. Après bien des péripéties, il retourne en Russie, à Saint Petersbourg, transformé entre-temps en Petrograd. En 1915, il écrit un article intitulé « Il est temps de se réveiller ! Réveillons-nous qui parait dans le grand quotidien Birjeviya Viedomosti, et dans lequel il exhorte la jeunesse. Cet article ayant eu un grand écho, il fonde avec quelques amis un Bureau d’organisation qui entre en contact avec la Société Impériale Technique Russe, et organise avec elle le Comité d’Aide Technique Militaire des Associations Scientifiques et Techniques Réunies (kovotep). Très rapidement, ce Comité devint la troisième grande organisation publique en Russie, à côté du Comité de la Production industrielle Militaire et du Zemgor (Comité des organisations rurales et municipales réunies), et il joua un rôle considérable dans la révolution de 1917. En effet, c’est ce comité qui organisa les premières polices révolutionnaires. Installé à l’Institut Mariinsky (à l’époque du F ∴ Kerensky), le Comité se transforma en Comité de l’Education Sociale et Politique, sous la présidence d’honneur de la « Grand-mère de la Révolution », la vieille révolutionnaire Brechko-Brechkovskaya, et Tchakhotine forma les Soviets des délégués des Travailleurs intellectuels. Entre-temps, Lénine était revenu en Russie. Tchakhotine, membre du parti de Plekhanov, l’aile extrême-gauche des sociaux-démocrates, était très proche des idées de Lénine. Mais les bolcheviks voyant à l’époque dans chaque intellectuel un « bourgeois » et un « contre-révolutionnaire », les relations entre le gouvernement soviétique et le Soviet des Députés des Travailleurs Intellectuels s’envenimèrent de plus en plus, au point qu’en décembre 1917, lors de la grève des fonctionnaires des institutions gouvernementales à laquelle le Soviet des Députés avait pris une part active, la police perquisitionna au siège de l’organisation et Tchakhotine fut arrêté. Relâché, un ordre d’arrestation fut lancé contre lui au début de l’année 1918. Prévenu à temps, il s’enfuit en direction du sud. Un gouvernement de l’ « Archigrande Armée du Don » — ainsi se nommait l’État nouveau de la région du Don — avait été formé à Novotcherkassk avec, à sa tête, le général cosaque Krassnoff. Dans ce gouvernement, le poste de ministre des affaires étrangères avait été confié au général Bogayevsky qui connaissait Serge Tchakhotine et qui, au courant de ses connaissances en langues étrangères, lui proposa le poste de directeur de l’Information dans son ministère. A ce poste, des documents secrets lui passaient entre les mains et ce fut ainsi qu’il découvrit que Krassnoff faisait des avances aux Allemands qui occupaient alors l’Ukraine et cherchait à obtenir de l’Allemagne la reconnaissance de l’indépendance du Don et de lui-même comme Chef-ataman de l’État nouvellement créé. Aussi Tchakhotine, étant contre ce projet, prépara-t-il un rapport secret qu’il transmit au « Grand Cercle », le Parlement du Don, accusant Krassnoff de trahison. Mais Krassnoff obtint quand même la majorité au Parlement et Tchakhotine — dont la tête avait été mise à prix — partit rapidement pour Ekaterinodar, dans la région du Kouban, où se trouvait l’Armée Volontaire dirigée par le général Alexeieff. Arrivé à destination, il se présenta au président du Conseil des Ministres, le général Dragomiroff, à qui il raconta son histoire. Quelques jours plus tard, il était chargé d’organiser une section d’information et de propagande de l’armée, qui prit le nom d’osvag (osv : les premières lettres du mot « information en russe, et ag : agitation). La grande guerre touchant à sa fin — les Allemands abandonnaient l’Ukraine — les flottes alliées, après avoir forcé le passage à travers le détroit des Dardanelles pénétraient dans la Mer Noire, des missions militaires anglaise et française arrivèrent à Ekaterinodar et, ayant visité l’osvag, furent très surprises de l’ampleur et des formes de la propagande développée par Tchakhotine — l’osvag reçoit le nom de ministère de la Propagande ; elle est transférée à Rostov et l’on place à sa tête un très riche politicien cosaque de la région, Paramonoff. Las des vicissitudes et des déboires vécus en Russie, Serge Tchakhotine part en 1919 avec sa famille pour Paris. C’est à cette époque qu’il se rendit compte que les intellectuels révolutionnaires et, en particulier, lui-même, avaient emprunté une fausse route, menant, comme il était évident, dans la direction qui était contraire aux espoirs et aux intérêts des « masses populaires ». Lui qui allait devenir un spécialiste de la propagande politique, avait été manipulé par des gens plus forts que lui, les véritables inspirateurs de la Révolution bolchevique dont j’ai parlé dans mes précédents livres. Comme nous allons le voir au fil de cette étude, ce ne sera pas la dernière fois que Tchakhotine sera manipulé. Il prit donc la décision de reprendre ses travaux scientifiques. Le prince Albert de Monaco, lui-même zoologiste, lui offrit alors de travailler dans son Musée Océanographique. Toutefois, Tchakhotine n’avait pas pour autant abandonné son rêve : l’édification du socialisme. Bien que s’étant rendu compte de son erreur, il fit paraître plusieurs articles dans des journaux yougoslaves — il travaillait alors à l’Institut de Zagreb (1921) — favorables aux bolcheviques, et il était membre du Comité directeur du journal Nakanune. A ceux qui le lui reprochaient ou s’en étonnaient, il répondait que la lutte des éléments avancés des intellectuels russes, surtout des émigrés, contre les bolcheviques, soutenus par les masses populaires, non seulement était sans effet, mais était même criminelle, car elle faisait durer le désordre et empêchait le rétablissement rapide des forces économiques et culturelles du pays. C’est dans cet esprit qu’il publia la brochure A Canossa, qui était un appel aux intellectuels russes. Après Zagreb, il se rendit en Italie, à Gênes, où avait lieu la première Conférence internationale à laquelle prenaient part, pour la première fois, des délégués de la Russie soviétique. Là, il fit la connaissance de Tchitchérine, commissaire du Peuple pour les Affaires étrangères, de Vorosky, de Ioffe, de Litvinov et de Krassine qui était alors directeur de la Représentation commerciale soviétique à Berlin. Ce dernier proposa à Tchakhotine, spécialisé dans l’organisation rationnelle, de venir à Berlin afin d’y faire une enquête sur le travail au sein de cette Représentation. Dans le même temps, il faisait paraître à Berlin un livre ayant pour titre : L’Organisation. Principes et méthodes dans l’industrie, le commerce, l’administration publique et politique, dans lequel il préconisait l’idée de l’organisation rationnelle du travail, calqué sur le principe de l’ingénieur américain Frederick Winslow Taylor, qui avait créé dans l’industrie le mouvement connu sous le nom de taylorisme, ou organisation scientifique du travail. En Union Soviétique, on s’intéressait de très près à ce problème et Abram Samoïlovitch Gallop, chef de l’inotorg et ami de Tchakhotine, introduisit son ouvrage en u.r.s.s., où il fut réimprimé plusieurs fois. Le Commissaire du Peuple r.k.i. (Inspection Ouvrière et Paysanne) lui proposa alors d’éditer par ses soins un ouvrage de bibliographie européenne des livres sur l’organisation scientifique du travail, qui servirait de manuel en Russie pour l’étude de ces questions. Ce qui fut fait rapidement. Couronnant son ralliement au nouvel État, il reçoit quelque temps après, à Berlin, de l’Ambassade, la citoyenneté soviétique. Au cours de l’automne 1924, il passe définitivement la Représentation Commerciale Soviétique et y organise une section d’organisation, donne des leçons d’organisation scientifique du travail aux employés de cet office et, de ce fait, contribuera grandement à la technique d’organisation administrative pour les plans quinquennaux. Dans le même temps, il était membre de la Société Allemande d’Organisation (g.f.o.). Il démissionnera quelque temps après de la Représentation Commerciale Soviétique à cause du surmenage. Il partit d’abord en Bavière du Sud, puis retourna à Gênes où il reprit ses travaux scientifiques avec son ami le professeur Benedicenti. En 1930, il reçoit une bourse de la Research Corporation de New York, afin qu’il puisse continuer ses recherches en toute tranquillité, et ceci pour trois ans, à Heidelberg, l’Institut de biologie dépendant de la grande société allemande, la Kaiser Wilhelm Gesellschaft. Au sein de cet Institut, il travailla assidûment à la constitution de son vaste fichier baptisé « m. t. » (Masse-Temps), véritable ordinateur manuel, ce qui le place, de ce fait, en tant que l’un des précurseurs dans ce domaine. La réputation de sa méthode était telle que ses collègues la baptisèrent « la machine à penser » et qu’elle se répandit à l’extérieur de l’Institut. Au point que M. Bornträger, un grand éditeur de Berlin, vint à Heidelberg en 1932 pour conclure un accord afin d’éditer ce fichier tel quel, c’est-à-dire sous forme de fiches. Il accepta même la proposition de Tchakhotine de l’éditer non seulement en allemand, mais aussi en espéranto, langage que Tchakhotine jugeait absolument nécessaire pour le succès des relations scientifiques internationales et qu’il enseignait, en dehors de son travail, aux jeunes ouvriers. C’est montrer l’importance de sa méthode. Ce travail, bien que commencé, n’aboutit jamais, car l’année suivante, Adolf Hitler arrivait au pouvoir et, comme Tchakhotine était un adversaire du régime national-socialiste, l’éditeur se retira. Il fait connaissance, la même année, du social-démocrate russe Alexandre Mikhailovitch Chiffrine qui était alors rédacteur dans un grand journal de Mannheim. La situation politique allemande attirait de plus en plus l’attention de Tchakhotine, et c’est à cette époque que lui vint l’idée de biffer les croix gammées dessinées un peu partout en Allemagne. En biffant la croix gammée, son idée était d’implanter dans les cerveaux de ceux qui percevaient visuellement cette nouvelle image (la croix gammée biffée, c’est-à-dire battue, affaiblie) un nouveau réflexe conditionné, profitable au parti qui l’avait biffée. Convoquant une dizaine de ses jeunes ouvriers espérantistes et des jeunes socialistes, il leur remit des bâtons de craie en leur expliquant ce qu’il attendait d’eux, en leur recommandant de donner à ce trait la forme d’une flèche, puis, très vite, de trois flèches. A partir de ce moment, aidé de Chiffrine, il fit plusieurs conférences et se lia étroitement avec un jeune député de Darmstadt au Reichstag, le docteur Mierendorff. En 1932, ils formaient au sein du parti social-démocrate une organisation para-militaire très connue, sous le nom d’Eiserne front (Front d’Airain) dirigée par le social-démocrate Höltermann, avec lequel Mierendorff entretenait de bonnes relations. Tout en poursuivant son activité scientifique, il continue à élaborer des plans politiques. Il prépare pour le parti tout un programme organique de lutte contre Hitler, en proposant une technique nouvelle, fondée sur des données scientifiques ; il s’agissait de créer chez les masses populaires passives un réflexe conditionné en employant des symboles politiques qui ne seraient dans ce cas pas autre chose que des excitants conditionnels s’inspirant des travaux de Pavlov. Il réussit si bien dans son action que Höltermann le nomma chef de propagande du Front d’Airain et qu’il reçut le sobriquet de « Goebbels rouge .. Mais rapidement, il s’attira la méfiance de certains chefs du parti qui voyaient d’un mauvais oeil ses procédés auxquels ils n’étaient pas habitués, et qui, rapidement, mirent en avant le fait qu’étant citoyen soviétique, il faisait l’affaire des communistes ; les fonds importants dont disposait alors le Front d’Airain s’amenuisèrent, ce qui eut pour effet de freiner le développement de la campagne lancée par Tchakhotine. Néanmoins, il ne se tenait pas battu pour autant et, lors des élections dans l’État de Hesse, il organisa, en compagnie de Mierendorff, une campagne électorale monstre sous le signe des trois flèches. Se fondant sur le principe de l’efficacité maximum de réflexes conditionnés, établis à base de l’instinct de lutte, il conçut toute la propagande à mettre sur pied à cette occasion, comme devant faire appel à cet instinct. Ne disposant pas des fonds nécessaires, il avait réussi à financer cette campagne par la vente des insignes aux trois flèches qu’on portait à la boutonnière. En deux semaines, plus de 50 000 furent vendus à Darmstadt, bien qu’il n’y eut dans cette ville que 10 000 membres du parti social-démocrate. Sur ces entrefaites, il fut appelé à Berlin afin d’exposer ses idées devant les dirigeants du parti social-démocrate. Là, le parti accepta officiellement de prendre pour symbole les trois flèches, le cri de ralliement « Freiheit » (Liberté) et le geste du poing levé. Il employait les mêmes méthodes que son adversaire, au point de faire défiler les membres du Front d’Airain en uniforme, marchant au pas cadencé et portant des drapeaux fléchés, aux sons de marches militaires. Il savait — tout comme Hitler — que la vue des troupes en uniforme marchant au pas et au rythme de la musique, avait toujours excité les foules. Il avait donc également introduit cette pratique au Front d’Airain. Il forma de grandes manifestations-cortèges, divisées en plusieurs groupes qui devaient avoir les fonctions psychiques suivantes : • 1er cortège : Susciter un sentiment d’émotion, de compassion et de révolte. Faire souffrir la foule. • 2e cortège : Provoquer un effet dynamique, d’excitation et d’enthousiasme, d’émotion. • 3e cortège : Susciter l’ironie, la moquerie. Son but était de donner aux spectateurs un répit, la possibilité de se remettre de l’émotion causée par le deuxième cortège. • 4e cortège : Etait consacré à l’idéal et aux réclamations politiques, à la fraternité des peuples. • 5e cortège : La victoire, représentée par de fraîches et belles jeunes filles. • 6e cortège : L’invitation à l’action, à voter pour le parti. Tchakhotine avait même prévu, afin de sensibiliser encore plus les spectateurs, pour mettre leurs nerfs en déséquilibre et rehausser le degré de leur excitation par le bruit, d’envoyer un groupe de motocyclistes tourner sans arrêt autour du cortège. Cette méthode fut donc employée en Hesse et réussit, puisque son parti gagna largement contre celui d’Hitler. Mais le gouvernement Hindenburg-von Papen interdit toutes les manifestations en uniforme. Même des dirigeants du propre parti de Tchakhotine, tels Otto Wels et Breitscheid, adressèrent à Hindenburg, le 17 juillet, un télégramme portant leurs signatures et dans lequel ils le suppliaient d’interdire les manifestations et le port de l’uniforme. Toujours pas battu pour autant, Tchakhotine organise meetings sur meetings. Au cours d’un de ceux-ci, il reçoit le député du Labour Party, Ellen Wilkinson, éminente dirigeante de la Fabian Society. Mais le 20 juillet 1932, le ministre social-démocrate Severing, chef de la « Bannière du Reich », abandonnait le combat et, à partir de ce moment, la propagande de Tchakhotine tomba petit à petit en désuétude. Aux élections du 31 juillet, si Hitler ne gagna pas, le parti social-démocrate perdait plus d’un million de votes. Tchakhotine se retire à nouveau de la scène politique. Partant vers la fin de l’été 1932 pour Rome afin d’assister au Congrès international de physiologie, il rencontre son maître à penser, Pavlov, à qui il raconte son essai d’appliquer sa doctrine des réflexes conditionnés à la politique dans sa lutte contre Hitler. De retour en Allemagne, il assiste à l’avènement au pouvoir d’Adolf Hitler. Son domicile et son laboratoire sont perquisitionnés. Rien n’ayant été trouvé, on le laisse en paix. Quelque temps après, il partait pour Gênes, chez son ami Benedicenti, et reprend ses travaux scientifiques. A nouveau de retour à Heidelberg, il n’y reste pas longtemps, le président de l’Institut l’invitant à quitter rapidement celui-ci, étant donné qu’il s’était mêlé de la politique allemande malgré sa nationalité étrangère. Décidant alors de quitter l’Allemagne, il se rend au Danemark, à Copenhague, où il est accueilli par son amie Charlotte Weigert. Cette dernière était très amie avec Mme Xenia Jacobsen, veuve du propriétaire de la fameuse brasserie Carlsberg, qui hébergea Tchakhotine dans sa propriété portant, fort curieusement, le nom de « Svastika »Il trouva également du travail à l’Institut de Pathologie Générale de l’université de Copenhague, dirigée par le professeur Oluf Thomsen, un autre grand ami de Charlotte Weigert. C’est là qu’il fit la connaissance du grand physicien atomiste, le professeur Niels Bohr. Entre-temps, le virus de la politique le reprenant, il se mit à écrire des articles dans les journaux danois et prit contact avec les principaux leaders du parti social-démocrate. Entre-temps, son amie Charlotte Weigert, qui le suivra tout au long de ses périgrinations d’avant-guerre, était devenue une anthroposophe convaincue, c’est-à-dire une adepte des idées de Rudolph Steiner. Ce dernier (1861-1925), avait été le secrétaire de la Société Théosophique à Berlin et était très lié avec le docteur Hubbe Schleiden, secrétaire général de la Société Théosophique d’Allemagne et président de plusieurs sociétés secrètes allemandes telles que les Templiers Noirs ou l’Ordre rosicrucien. D’autre part, Steiner était en contact étroit avec la Golden Dawn et l’Ordo Templi Orientis (o. t. o.). Au début, Tchakhotine resta totalement étranger à cette doctrine à cause de son mysticisme et de sa philosophie pseudo-scientifique. Mais, pressé par son amie, il aborda la lecture des oeuvres de Steiner, s’intéressa à l’eurythmie, Expression plastique de la mentalité anthroposophe, et écrivit quelques vers sur ce thème. C’est d’ailleurs en prenant des leçons d’eurythmie qu’il fit la connaissance de Tatiana Dimitrievna Semionova — dont le mari travaillait à Nakanune — élève passionnée du fameux mage Gurdjiev. Ayant appris qu’Einstein — qu’il connaissait bien — avait quitté l’Allemagne et se trouvait aux Pays-Bas, il prit immédiatement l’avion pour le rencontrer. Mais Einstein avait quitté ce pays pour la Belgique et résidait à Coq-sur-Mer. Il s’y rendit aussitôt pour apprendre qu’entre-temps, le savant était parti pour Londres. Ayant obtenu mi visa britannique à Bruxelles, il finit par rencontrer Einstein. De retour à Copenhague, il se replonge dans la politique et entretient une correspondance avec Henri Barbusse, ce qui lui permet de se tenir au courant des tendances politiques dans les milieux intellectuels français. Tchakhotine mena une propagande intensive au sein des Jeunesses socialistes danoises, qui adoptèrent le symbole des trois flèches. Il écrivit et publia un livre en danois Trepil mod Hagekors (Les trois flèches contre la croix gammée) qui souleva l’enthousiasme parmi les jeunes, mais lui attira l’hostilité des milieux dirigeants du parti ; en effet, dans son ouvrage, il critiquait ouvertement leurs collègues allemands avec lesquels ils avaient beaucoup en commun. N’ayant plus la possibilité politique d’entreprendre ce qu’il avait envie de faire au Danemark, il décide de partir pour la France. Faisant tout d’abord un voyage de reconnaissance, il s’arrête tout d’abord à Londres où il rend visite à Ellen Wilkinson, de la Fabian Society, puis à Bruxelles, où il rencontre le synarque belge Henri de Man, alors vice-président du Parti socialiste, et Paul Odet, de l’u.a.i.. Arrivé à Paris (1934), il se lie avec Marceau Pivert et Zyromski de la s.f.i.o. et, suivant leur conseil, il fait une conférence à l’Association des Jeunesses Socialistes qui, emballés, adoptèrent immédiatement le symbole des trois flèches. C’est à la même époque qu’il reçoit une invitation de Stafford Cripps, dirigeant de la Fabian Society et proche de la Pilgrims, qui le prie de venir faire une conférence sur ses idées et ses méthodes de combat devant les éléments du Labour Party. Cette conférence n’aura pas lieu, Tchakhotine n’ayant jamais réussi à obtenir un visa. Entre-temps, il se rend à Bruxelles, où il prend la parole devant les membres de l’u.s.a.f., les jeunesses socialistes belges. De retour en France, il se lie avec le député radical Gaston Bergery qui publiait le journal La Flèche et dont le mouvement Front Commun avait adopté l’une des trois flèches du Front d’Airain. Revenu à Copenhague, il prépara son déménagement à Paris où, de retour, il retrouve des amis d’enfance, George Zousmann, le docteur Popovsky, le docteur Likhnitzky et le violoncelliste Bogroff. Quarante années auparavant, ils avaient fondé L’Amicale des Cinq au gymnase d’Odessa. Avec bien des difficultés, il s’installe au laboratoire d’évolution de la Sorbonne grâce au professeur Maurice Caullery, qui essaya même de lui faire obtenir, sans succès, une bourse auprès de la Fondation Rockefeller. Parallèlement à ses travaux scientifiques, il organisa, à la demande de Gaston Bergery — dont il se séparera quelque temps plus tard — des meetings à la salle Wagram. Au début de l’année 1935, Caullery lui procura des fonds de l’Académie des Sciences afin que Tchakhotine puisse poursuivre ses travaux. Se liant avec Jean Nocher, l’un des fondateurs des groupes j.e.u.n.e.s. — Jeunes Equipes Unies pour la Nouvelle Économie Sociale —, ce dernier y donne plusieurs conférences et prend une part active à l’organisation des Jeunesses Socialistes et à la Fédération de la Seine du Parti s.f.i.o., où Marceau Pivert fut élu secrétaire général. <strong>...</strong></p>Moncomble Yann - Les professionnels de l'anti-racismeurn:md5:a1ab7f308f98c857b3d01c3f0efd7a4a2011-12-11T22:59:00+00:002017-03-08T20:07:22+00:00balderMoncomble YannHébraïsme <p><img src="https://histoireebook.com/public/img/Moncomble_Yann_-_Les_professionnels_de_l_antiracisme.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Moncomble Yann</strong><br />
Ouvrage : <strong>Les professionnels de l'anti-racisme</strong><br />
Année : 1987<br />
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Lien de téléchargement : <a href="https://histoireebook.com/public/ebook/Moncomble_Yann_-_Les_professionnels_de_l_antiracisme.zip">Moncomble_Yann_-_Les_professionnels_de_l_antiracisme.zip</a><br />
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En 1898, un capitaine était déporté à l'île du Diable pour crime de haute trahison. Etait-il, oui ou non, coupable ? Là n'est pas notre propos. Toujours est-il que les esprits s'échauffèrent; la France se partagea en deux camps, l'un tenant la chose pour jugée, l'autre réclamant la révision du procès. L'« Affaire Dreyfus » était née, la Ligue des Droits de l'Homme aussi. Le 4 juin 1898 (selon d'autres sources : le 20 février 1898), un sénateur dreyfusard, ancien ministre de la Justice, Ludovic Trarieux 1 , crée officiellement la Ligue Française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, qui devait rapidement se transformer en Ligue des Droits de l'Homme - L.D.H. pour les spécialistes. Son programme : « La Ligue des Droits de l'Homme accomplit une double tâche : l'une à l'intérieur, l'autre à l'extérieur. A l'intérieur, elle défend les droits de l'homme et du citoyen; à l'extérieur, elle défend les droits des peuples. Les droits de l'homme et du citoyen que ]a Ligue défend à l'intérieur, ce sont ]es droits inscrits dans les deux déclarations de 1789 et 1793 : liberté de conscience, de presse, de réunion, de travail ; égalité devant les emplois et devant les charges ; souveraineté nationale; liberté individuelle; droit d'être jugé selon les formes; résistance à l'oppression, bref, tous les droits sans lesquels il n'est pas de démocratie. <strong>...</strong></p>Moncomble Yann - Le Pouvoir de la drogue dans la politique mondialeurn:md5:8a862ce2bbbbbfbdd8ea1e1eaf9d5a632011-12-11T22:57:00+00:002017-03-08T20:07:29+00:00balderMoncomble YannDrogueEx-Libris LenculusHébraïsme <p><img src="https://histoireebook.com/public/img/Moncomble_Yann_-_Le_Pouvoir_de_la_drogue_dans_la_politique_mondiale.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Moncomble Yann</strong><br />
Ouvrage : <strong>Le Pouvoir de la drogue dans la politique mondiale Préface d’Henry Coston</strong><br />
Année : 1990<br />
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Lien de téléchargement : <a href="https://histoireebook.com/public/ebook/Moncomble_Yann_-_Le_Pouvoir_de_la_drogue_dans_la_politique_mondiale.zip">Moncomble_Yann_-_Le_Pouvoir_de_la_drogue_dans_la_politique_mondiale.zip</a><br />
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Le capitalisme de la drogue... de banques à banques. « Comment blanchir des narco-dollars ? » C’est ainsi que débute une remarquable étude parue dans Science et Vie Economie Magazine de novembre 1989, sous la signature de Mohsen Toumi. Nous la lui empruntons car c’est clair, net et précis. « Le 18 septembre dernier, les représentants de quinze pays riches se sont réunis à Paris pour renforcer la coordination internationale contre le « blanchiment » de l’argent de la drogue. Nos responsables politiques se sont en effet aperçus que la lutte portait surtout sur le trafic des produits eux-mêmes et très peu sur les circuits financiers. Et que, au-delà de la guerre contre les intermédiaires et les producteurs (comme en Colombie), il serait au moins aussi efficace de frapper les gros trafiquants au tiroir-caisse. « Il faut dire qu’il y a de quoi faire : l’ensemble du trafic de stupéfiants aurait généré, en 1988, 500 milliards de dollars. Soit l’équivalent du PIB de la France en 1985 ! Ce chiffre repose bien entendu sur l’estimation du volume physique de drogue consommée. Et dans ce domaine on ne peut qu’extrapoler à partir des saisies effectuées. Les autorités américaines et françaises estiment, dans le cas de l’héroïne, que ces saisies représentent tout juste 5 % de la production mondiale. Au total, l’an dernier, la consommation de feuilles (coca, marijuana, haschisch) aurait atteint 30 000 tonnes et celle de poudre (cocaïne et héroïne) 800 tonnes. En multipliant ces quantités par les prix de vente au détail pratiqués un peu partout dans le monde, on obtient des montants variant entre 300 et 500 milliards de dollars. M. Kendall, secrétaire général d’Interpol penche plutôt pour le second chiffre (1). Mais quel que soit leur montant, ces narco-dollars représentent une énorme masse d’argent liquide. Et c’est là que commencent les problèmes pour tous ceux qui perçoivent la majeure partie de ce pactole. C’est-à-dire les transformateurs de produits-base, les transporteurs et les grossistes. Le premier est tout bêtement un problème physique : comment stocker et transporter une telle quantité de billets ? Il paraît difficile de se déplacer à longueur de journée avec un fourgon blindé en guise de porte-feuille et, naturellement, il est suspect d’effectuer toute une série de transactions en liquide. D’ailleurs, dans de nombreux pays, au-delà d’un certain montant, les paiements en cash ne sont pas admis. Impossible, par ailleurs, de déposer une valise entière de billets à la banque ; c’est la meilleure manière d’éveiller les soupçons, du moins dans les grands établissements qui ont pignon sur rue. Deuxième problème : cet argent, s’il reste liquide, ne rapporte rien. Il faut donc l’investir et le placer. « D’où la nécessité de le « blanchir », c’est-à-dire à la fois de lui faire changer de nature (le transformer en monnaie scripturale), de lui donner une apparence respectable (en dissimuler l’origine délictueuse) et de l’utiliser de manière profitable (le transformer en actifs mobiliers ou immobiliers). L’Expression de « blanchiment » n’est pas récente : elle remonte à l’époque de la prohibition aux Etats-Unis, où les revenus des ventes d’alcool illicite, tous en billets de banque, étaient investis dans des blanchisseries de quartier, légalement inscrites au Registre du commerce. Le système était simple. À l’époque, il était tout à fait possible d’acheter une boutique en liquide. L’avantage était double : d’une part l’argent « sale » était investi dans un commerce légal, d’autre part, les clients payant tous en espèces, il était facile d’augmenter la recette normale de la semaine en y ajoutant les bénéfices provenant du trafic d’alcool. Le gérant portait le tout à sa banque qui n’y voyait que du feu. « Aujourd’hui, il existe de nombreux et souvent meilleurs moyens pour blanchir les narco-dollars. Pour commencer, le vieux système de la « blanchisserie » du temps de la prohibition est encore utilisé. L’achat d’un commerce, dans lequel les clients paient en liquide, est une valeur sûre. Encore que, selon les spécialistes, il est difficile de faire la part dans ces investissements de ce qui provient de la drogue, ou d’autres formes de délinquance. « Certains capitaux d’origine douteuse utilisent aussi le monde du show-business pour se refaire une virginité. Le procédé est apparemment très développé en Italie, en France et en Belgique. La « tournée triomphale » de la vedette (qui en réalité fait un bide partout) permet de mettre sur un compte en banque tout l’argent « sale » qui est présenté officiellement comme la recette des spectacles. De même, certaines sociétés créées dans des paradis fiscaux servent de relais pour recueillir les recettes de films diffusés dans de nombreux pays. S’il est impossible de vérifier le nombre exact de spectateurs, il est facile en revanche de recycler ainsi de l’argent douteux. « Plus sérieux, car portant sur des sommes nettement plus importantes, le système du casino. Le principe est simple : on achète pour 500 000 dollars (par exemple) de jetons dans un casino. On ne joue à rien mais quelques heures plus tard on échange les plaques contre un chèque du casino, de même montant, que l’on va tout simplement déposer sur son compte. Officiellement, il s’agira, en cas de contrôle, d’un gain au jeu. Le système fonctionne très bien dans sa variante internationale. Après avoir échangé un gros paquet de billets contre des jetons qu’on n’utilise pas, grâce à un simple télex on peut transférer la somme dans un casino américain ou moyen-oriental appartenant à la même chaîne. Là on va prendre ses jetons, on ne joue toujours à rien et on va tranquillement les changer contre un chèque à la caisse en sortant. Rien à dire. Et l’argent est bel et bien blanchi. Même si ces méthodes permettent de traiter de gros montants, le blanchiment bancaire est, de loin, celle qui permet actuellement d’en recycler la majeure partie. Certaines affaires ont permis depuis quelques mois aux autorités internationales de se faire une idée assez précise sur les mécanismes mis en oeuvre. Comme on va le voir, les trafiquants ont su largement exploiter la mondialisation des transferts de capitaux qui caractérise la finance moderne. « Aéroport de Los Angeles, 27 novembre 1986. Craignant un attentat à la valise piégée, la police décide de faire sauter trois valises laissées dans un coin par leur propriétaire. Elles se révèlent inoffensives : elles contiennent deux millions de dollars en petites coupures ! La police américaine a, sans le savoir, mis la main sur un transfert de narco-dollars. Partout dans le monde, des passeurs transportent l’argent liquide, en utilisant les mêmes chemins et les mêmes techniques que pour transporter la drogue. L’objectif est de pouvoir déposer cet argent dans une banque. Mais pas n’importe quelle banque : il faut un guichet complaisant pour accueillir les liasses suspectes. En réalité, il existe principalement deux catégories de banques susceptibles d’accepter de tels dépôts : les banques installées dans des paradis fiscaux, qu’elles soient ou non filiales de grandes banques internationales, et les banques suisses. « Les places financières offshore que sont les Bahamas, Panama, les îles Vierges, les îles Caïmans, Chypre, etc., ne sont pas vraiment regardantes sur la nature et l’origine des fonds qui sont déposés à plein tombereau. Les autorités de ces petits Etats ont parfois permis aux banques de disposer de postes de débarquement spéciaux dans les aéroports, sans contrôles policier ou douanier contraignants. Aux îles Vierges britanniques, une filiale de la vénérable Barclay’s Bank a même installé un héliport privé. Dans tous ces endroits de la zone caraïbe, les trafiquants peuvent donc déposer tranquillement leurs liquidités en provenance directe de Colombie ou de Miami. À ces paradis fiscaux, il faudrait ajouter toute une série de places financières où le fait de déposer une valise entière de billets de banque n’étonne personne : toute l’Amérique centrale, certaines place du Moyen-Orient (le Souk El Manach à Koweit, le Liban), la Malaisie, l’île Maurice, Hong Kong... « La Suisse, c’est bien connu, offre depuis longtemps une entrée libre et illimitée pour l’or et les devises de toutes provenances. Il se réalise chaque année en Suisse 65 milliards de dollars de transactions diverses en billets, soit 8 % de l’ensemble de ces transactions dans le monde ! Et certaines affaires récentes ont mis en évidence le rôle particulièrement actif de quelques-unes des principales banques du pays dans le recyclage de narco-dollars : l’Union de banque suisse et le Crédit Suisse. « Le système helvétique comporte deux phases. Dans un premier temps, les passeurs déposent de grosses quantités de narco-dollars chez un intermédiaire qui peut être un avocat, un notaire ou un agent de change. En Suisse, ces professions ont la particularité de pouvoir fonctionner comme un établissement financier sans être soumis à la législation bancaire. Un passeur peut donc tout à fait légalement déposer une caisse entière de billets de banque dans le cabinet d’un avocat. Cette première opération correspond à ce que les spécialistes appellent le « prélavage ». Dans un deuxième temps, après avoir perçu ses honoraires, cet avocat va déposer ces sommes dans des banques réputées, sans être obligé de révéler l’identité de son client_ L’argent ainsi déposé sur un compte numéroté, en vertu du fameux secret bancaire suisse, est bon pour le service : on pourra effectuer des virements de compte à compte sur toute la surface du globe. La Suisse, outre ces facilités, est très prisée en raison de la qualité du service offert : les transferts peuvent se faire en quelques heures seulement. « Mais pour justifier ces virements, encore faut-il pouvoir fournir des raisons honorables. Ces justifications constituent la seconde étape du blanchiment. Les techniques utilisées sont toujours assez simples quant à leur principe mais complexes dans leur mise en oeuvre : les virements sont multipliés d’un point à l’autre du globe au profit de multiples intermédiaires ou hommes de paille. <strong>...</strong></p>