Auteur : Anonymes
Ouvrage : Les cahiers de l'adepte numéro 4 & 5
Année : 1991
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Samedi 7 janvier 1967. Entre le 29 octobre de l'an passé et ce jour, j'eus l'occasion de croiser D. quelquefois dans le village ou au terrain de football. Nous nous disions bonjour et nous échangions des banalités. Visiblement, D. n'était pas du tout disposé à ce que nous parlions de nos étranges rapports de maître à élève, ni de la matière de son enseignement, en dehors des périodes qu'il avait lui-même fixées, à moins que je ne lui demande des conseils ou des précisions sur tel point précis de mon entraînement quotidien. Cependant, vers la fin du mois de novembre, un rhume négligé dégénéra en grippe, puis en bronchite. Je dus m'aliter et malgré tous les efforts de notre médecin de famille, je n'arrivais pas à reprendre le dessus. Je ne toussais plus, mais la fièvre était toujours omniprésente, et une fatigue persistante m'empêchait de me tenir debout plus de deux heures par jour. Il fut envisagé de m'hospitaliser pour subir un bilan de santé complet. Un soir, mon père frappa à la porte de ma chambre. « tu as de la visite », me dit- il; et là dessus, il s'effaça pour laisser rentrer D., avec lequel il me laissa seul. Nous nous saluâmes. D. prit une chaise, s'assit à côté du lit, passa la main sur mon front, prit mon pouls, consulta la feuille de température qui se trouvait sur ma table de chevet. Il resta ensuite totalement silencieux durant quatre ou cinq minutes, visiblement absorbé par ses pensés. Je pris garde de ne pas l'interrompre, mais ce silence ne me disait rien qui vaille. Et ses premières paroles ne firent que conforter mon intuition. "Ce n'est pas bien brillant, me dit-il. Pour une raison que j'ignore, ton organisme refuse de réagir face à la maladie. (Moi, je connaissais la raison; une lettre de rupture de Sylvie reçue au milieu du mois, malgré les jours délicieux que nous venions de passer ensemble, m'avait passablement "secoué le moral", comme on dit. Mais je n'en soufflai mot). Et si tu restes ainsi, la situation ne fera qu'empirer, quelques soient par ailleurs les soins que tu puisses recevoir. Car c'est une évidence que le mental dirige le corps, et que tu souffres actuellement d'un dysfonctionnement de ton psychisme. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
Auteur : Aubert Edouard Ouvrage : La vallée d'Aoste Année : 1860 Lien de téléchargement :...