Auteur : Carré Marie
Ouvrage : ES 1025 ou les mémoires d'un anti-apôtre
Année : 1972
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Prologue. Comment commencer un livre quand on n’est pas écrivain, ou plutôt comment expliquer qu’on croit de son devoir de faire éditer des Mémoires... des Mémoires assez terribles (et justement parce qu’ils sont... si affreusement inquiétants...) ? Alors, disons que ces premières pages sont un appel aux catholiques de ce temps sous forme d’avant-propos ou peut être faudrait il dire de confession. Oui, « confession » en ce qui me concerne, pauvre « petit moi », paraît le mot juste, bien que ce soit un de ces mots que plus personne, en ce temps, ne désire employer. Enfin, quand je dis « plus personne », je veux seulement désigner ceux qui croient faire preuve d’intelligence en se mettant au goût du jour, et même au goût d’après demain. Quand à moi, je ne trouve qu’un mot archi-banal pour expliquer ma propre position, je dirai que ce goût du jour, que ce goût du soi-disant sens de l’histoire, n’est que « de cendres » pour moi. Mais, Seigneur, vous savez bien que je crois fermement que Vous êtes le plus fort. Estil nécessaire de le préciser ? Oui... en ce jourd'hui... oui... je crois que c’est indispensable, car les gens mettent leur confiance maintenant en la puissance de l’homme... une puissance qui lance des fusées, mais qui laisse aussi mourir de faim... une puissance qui fait travailler la machine, mais qui en est aussi l’esclave écrabouillé... une puissance qui prétend n’avoir plus besoin de Dieu, mais qui sait aussi tricher en discutant de la création du monde. Il faut que je me taise, que je me calme. Tout ce qui précède est seulement destiné, par pudeur, à retarder le moment où je devrai me présenter au lecteur. Voilà, je ne suis qu’une petite infirmière, qui a cependant déjà vu mourir beaucoup de gens et qui continue de croire en la Miséricorde de Dieu, et qui expérimenta souvent combien la Volonté de l’Invisible sait souffler au bon moment. Je ne suis qu’une infirmière et j’ai vu, dans un pays que je ne nommerai pas, dans un hôpital qui doit rester anonyme, j’ai vu mourir, des suites d’un accident d’automobile, un homme sans nom, sans nationalité, je veux dire : sans papiers. Cependant, il avait, dans son cartable, des documents que je fus bien obligée d’examiner. L’un d’eux commençait par ces mots : « Je suis l’homme sans nom, l’homme sans famille, sans patrie et sans héritage »... Apparemment ce texte, d’une centaine de pages dactylographiées, ne pouvait fournir aucun élément permettant d’identifier le blessé. Mais sait-on jamais ? Et, puis, soyons honnête, puisque j’ai parlé de confession, soyons donc tout à fait franche : j’eus envie de lire ces notes intimes et je cédai relativement vite à cette tentation. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
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