Fabre d'Olivet Antoine - Histoire Philosophique du Genre Humain


Auteur : Fabre d'Olivet Antoine
Ouvrage : Histoire Philosophique du Genre Humain Tome1 et 2
Année : 1812

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L’ouvrage que je publie sur l’état social de l’homme fut d’abord destiné à faire partie d’un ouvrage plus considérable que j’avais médité sur l’histoire de la terre et de ses habitants, et pour lequel j’avais rassemblé un grand nombre de matériaux. Mon intention était de réunir sous un même point de vue, et dans l’ordonnance d’un même tableau, l’histoire générale du globe que nous habitons, sous tous les rapports d’histoire naturelle et politique, physique et métaphysique, civile et religieuse, depuis l’origine des choses jusqu’à leurs derniers développements; de manière à exposer sans aucun préjugé les systèmes cosmogoniques et géologiques de tous les peuples, leurs doctrines religieuses et politiques, leurs gouvernements, leurs mœurs, leurs relations diverses, l’influence réciproque qu’ils ont exercée sur la civilisation, leurs mouvements sur la terre, et les événements heureux ou malheureux qui signalèrent leur existence plus ou moins agitée, plus ou moins longue, plus ou moins intéressante ; afin de tirer de tout cela des lumières plus étendues et plus sûres qu’on ne les a obtenues jusqu’ici sur la nature intime des choses, et surtout celle de l’homme, qu’il nous importe tant de connaître. Quand je formai ce dessein, j’étais encore jeune, et plein de cette espérance que donne une jeunesse trop présomptueuse ; je ne voyais aucun des obstacles qui devaient m’arrêter dans l’immense carrière que je me flattais de par courir : fier de quelque force morale, et déterminé à un travail opiniâtre, je croyais que rien ne résisterait au double ascendant de la persévérance et de l’amour de la vérité. Je me livrais donc à l’étude avec une insatiable ardeur, et j’augmentais sans cesse l’amas de mes connaissances, sans trop m’inquiéter de l’usage que j’en pourrais faire un jour. Il faut dire que j’étais un peu forcé, par ma position politique, à la réclusion que nécessitait un pareil dévouement. Quoique je n’eusse nullement marqué dans le cours de la révolution, que je me fusse tenu à une égale distance des partis, étranger à toute brigue, à toute ambition, j’avais assez connu les choses et les hommes pour que mes opinions et mon caractère ne restassent pas tout à fait dans l’obscurité. Des circonstances indépendantes de ma volonté les avaient fait connaître à Bonaparte, en exagérant encore à ses yeux ce qu’ils pouvaient avoir de contraire à ses desseins ; en sorte que, dès son entrée au consulat il avait pris contre moi une haine assez forte pour le déterminer à me proscrire sans motifs, en insérant exprès mon nom parmi ceux de deux cents infortunés qu’il envoya périr sur les bords inhospitaliers de l’Afrique. Si, par un bienfait signalé de la Providence, j’échappai à cette proscription, je dus agir avec beaucoup de prudence, tant que dura le règne de Napoléon, pour éviter les piéges qu’il aurait pu former le dessein de me tendre. Mon goût et ma situation coïncidaient donc à me faire chérir la retraite, et me livraient de concert à l’étude. Cependant, lorsque, me reposant un moment de mes travaux explorateurs, je vins à jeter les yeux sur les fruits de mon exploration, je vis avec un peu de surprise que les plus grandes difficultés n’étaient pas là où je les avais d’abord imaginées, et qu’il n’était pas tant question de ramasser des matériaux pour en construire l’édifice que je méditais, que de bien connaître leur nature, afin de les ranger, non selon leur forme dépendant presque toujours du temps et des circonstances extérieures, et leur homogénéité tenant à l’essence même des choses. Cette réflexion m’ayant amené à examiner profondément plusieurs doctrines que les savants classaient ordinairement comme disparates et opposées, je me convainquis que cette disparité et cette opposition consistaient uniquement dans les formes, le fond étant essentiellement le même. Je pressentis dès lors l’existence d’une grande Unité, source éternelle d’où tout découle ; et je vis clairement que les hommes ne sont pas aussi loin de la vérité qu’ils le croient généralement. Leur plus grande erreur est de la chercher là ou elle n’est pas, et de s’attacher aux formes, tandis qu’ils devraient les éviter, au contraire, pour approfondir l’essence; surtout en considérant que ces formes sont le plus souvent leur propre ouvrage, comme cela est arrivé dans des monuments littéraires de la plus haute importance, et principalement dans la cosmogonie de Moïse. Je demande la liberté de m’arrêter un moment sur ce fait extraordinaire, parce qu’il éclaircira plusieurs choses qui paraîtraient, sans cela, obscures par la suite. Si, lorsqu’on veut écrire l’histoire de la terre, on prend cette cosmogonie selon ses formes vulgaires, telles que les donnent des traductions erronées, on se trouve tout à coup dans une contradiction choquante avec les cosmogonies des nations les plus illustres, les plus anciennes et les plus éclairées du monde : alors il faut de toute nécessité, ou la rejeter à l’instant, ou considérer les écrivains sacrés des Chinois, des Hindous, des Perses, des Chaldéens, des Egyptiens, des Grecs, des Etrusques, des Celtes nos aïeux, comme des imposteurs ou des imbéciles ; car tous, sans exception, donnent à la terre une antiquité incomparablement plus grande que cette cosmogonie. Il faut renverser toute la chronologie des nations, tronquer leur histoire, rapetisser tout ce qu’elles ont vu de grand, agrandir tout ce qui leur a été imperceptible, et renoncer à cette sagesse si vantée des Égyptiens, à cette sagesse que les plus grands hommes ont été chercher au péril de leur vie, et dont Pythagore et Platon nous ont transmis les irréfragables monuments. Mais comment rejeter une telle cosmogonie ? Cela ne se peut pas ; car, outre qu’elle sert de base aux trois plus puissants cultes de la terre, soit par leur antiquité, soit par leur éclat ou leur étendue, le judaïsme, le christianisme et l’islamisme, il est évident, pour quiconque peut sentir les choses divines, que, même à travers le voile épais que les traducteurs de Moïse ont étendu sur les écrits de cet habile théocrate, on y découvre des traces non équivoques de l’inspiration dont il était animé. Cependant doit-on, en consacrant cette cosmogonie telle qu’elle est contenue dans les traductions vulgaires, continuer à s’isoler du reste du monde, regarder comme impie ou mensonger tout ce qui n’y est pas conforme, et faire que l’Europe éclairée et puissante traite comme sacrilège le reste de la terre, et se comporte à son égard comme se comportait, il y a quelques mille ans, une petite contrée ignorante et pauvre, appelée la .Judée ? Cela se peut encore moins. Mais, dira-t-on, pourquoi s’inquiéter d’une chose qu’on devrait paisiblement laisser tomber dans l’oubli ? Les livres de la nature de ceux de Moise sont écrits pour des temps de ténèbres. Le mieux qu’on ait à faire, dans des siècles radieux comme les nôtres, c’est de les abandonner au peuple, qui les révère sans les comprendre. Les savants n’ont pas besoin d’être instruits de ce que pensait, il y a quatre mille ans, le législateur des Hébreux, pour bâtir des systèmes cosmogoniques et géologiques ; nos encyclopédies sont pleines de choses admirables à ce sujet. Admirables, en effet, si on en juge par le nombre ; mais tellement vaines, tellement futiles, que, tandis que le livre de Moïse se soutient depuis quarante siècles, et fixe les regards des peuples, quelques jours suffi sent pour renverser ceux qu’on prétend lui opposer, et pour éteindre les frivoles bluettes qui s’élèvent contre cet imposant météore. Croyez-moi, savants de la terre, ce n’est point en dédaignant les livres sacres des nations que vous montrerez votre science ; c’est en les expliquant. On ne peut point écrire l’histoire sans monuments ; et celle de la terre n’en a pas d’autres. Ces livres sont les véritables archives où ses titres sont contenus. Il faut en explorer les pages vénérables, les comparer entre elles, et savoir y trouver la vérité, qui souvent y languit couverte par la rouille des âges. Voilà ce que je pensai. Je vis que, si je voulais écrire l’histoire de la terre, je devais connaître les monuments qui la contiennent et surtout m’assurer si j’étais en état de les bien expliquer. Or, que la cosmogonie de Moise soit un de ces monuments, est assurément hors de doute. II se rait donc ridicule de prétendre l’ignorer, et de vouloir, sans y faire attention, marcher sur une route dont il occupe toute l’étendue. Mais si l’historien est forcé, comme je le dis, de s’arrêter devant ce colosse monumental, et d’en adopter les principe que deviendront tous les autres monuments qu’il rencontrera sur ses pas, et dont les principes également imposants et vénérés se trouveront contredits ? Que fera- t-il de toutes les découvertes modernes qui ne pourront pas s’y adapter ? Dira-t-il à l’évidence qu’elle est trompeuse, et à l’expérience qu’elle a cessé de montrer l’enchaînement des effets aux causes ? Non; à moins que l’ignorance et le préjugé n’aient d’avance étendu un double bandeau sur ses yeux. Cet historien raisonnera sans doute comme je raisonnai à sa place. Je me dis: Puisque le Sépher de Moïse, qui contient la cosmogonie de cet homme célèbre, est évidemment le fruit d’un génie très élevé, conduit par une inspiration divine, il ne peut contenir que des principes vrais. Si ce génie a quelquefois erré, ce ne peut être que dans l’enchaînement des conséquences, en franchissant des idées intermédiaires, ou en rapportant à une certaine cause des effets qui appartenaient à l’autre; mais ces erreurs légères, qui tiennent souvent à la promptitude de l’élocution et à l’éclat des images, ne font rien à la vérité fondamentale qui est l’âme de ses écrits, et qui doit se trouver essentiellement identique dans tous les livres sacrés des nations, émanés comme le sien de la source unique et féconde d’où découle toute vérité. Si cela ne parait pas ainsi, c’est que le Sépher, composé dans une langue depuis longtemps ignorée ou perdue, n’est plus entendu, et que ses traducteurs en ont volontairement ou involontairement dénaturé ou perverti le sens. Après avoir fait ce raisonnement, je passai de suite à son application. J’examinai de toute la force dont j’étais capable l’hébreu du Sépher, et je ne tardai pas à voir, comme je l’ai dit ailleurs, qu’il n’était pas rendu dans les traductions vulgaires, et que Moïse ne disait presque pas un mot en hébreu de ce qu’on lui faisait dire en grec ou en latin. II est complètement inutile que je répète ici plus au long ce qu’on peut trouver entièrement développé dans l’ouvrage que j’ai composé exprès sur ce sujet ; qu’il me suffi se de dire, pour l’intelligence de celui-ci, que le temps que j’avais destiné pour écrire l’histoire la terre, après que j’en aurais rassemblé les matériaux, fut presque entièrement employé à expliquer un seul des monuments qui les contenait en partie, afin que ce monument d’une irréfragable authenticité ne contrariât pas, par son opposition formelle, l’ordonnance de l’édifice, et ne le fi t pas crouler par sa base, en lui refusant son appui fondamental. Cette explication même, faite à la manière ordinaire, n’aurait pas suffi . Il fallut prouver aux autres, avec beaucoup de travail et de peine, ce que je m’étais assez facilement prouvé à moi-même ; et pour restituer une langue perdue depuis plus de vingt-quatre siècles, créer une grammaire et un dictionnaire radical, appuyer la traduction verbale de quelques chapitres du Sépher d’une multitude de notes puisées dans toutes les langues de l’Orient; et pour tout dire enfin, élever vingt pages de texte jusqu’à la hauteur de deux volumes in-quarto d’explications et de preuves. Ce ne fut pas tout : pour tirer ces deux volumes de l’obscurité de mon portefeuille, où ils seraient restés infailliblement, faute d’avoir les moyens de subvenir aux frais considérables de leur impression, il fallut attirer les regards sur eux ; ce que je ne pus faire sans me mettre moi-même dans une sorte d’évidence qui déplut à Napoléon, alors tout-puissant, et qui me rendit la victime d’une persécution sourde, à la vérité, mais non moins pénible, puis-qu’elle me priva des seuls moyens que j’eusse de subsister. Mes deux volumes furent, il est vrai, imprimés, mais plus tard, et par un concours de circonstances particulières que je puis bien, à juste titre, regarder comme providentielles. L’impression de mon livre sur la langue hébraïque, loin de me donner les facilités sur les quelles je comptais pour poursuivre mon dessein sur l’histoire de la terre, parut achever de me les ravir, au contraire, en me livrant à des discussions métaphysiques et littéraires qui, se changeant en dissensions, portèrent leur venin jusque dans l’enceinte de mes foyers domestiques. Cependant le temps s’est passé ; et puisque, favorisé de toute la force de l’age, j’ai vainement essayé de remplir un dessein peut-être hors de proportion avec mes moyens physiques et moraux, dois-je espérer davantage d’y atteindre aujourd’hui que l’automne de ma vie en laisse tous les jours évaporer les feux ? Il y aurait de la présomption à le croire. Mais ce que je n’aurai pas pu faire, un autre le pourra peut être, placé dans des circonstances plus heureuses que moi. Ma gloire, si je puis en obtenir une, sera de lui avoir tracé et aplani la route. Déjà je lui ai donné, dans ma traduction du Sépher de Moise, un inébranlable fondement. Si je puis jamais en terminer le commentaire, je montrerai que la cosmogonie de ce grand homme est conforme, pour l’essence des choses, avec toutes les cosmogonie, sacrées reçues par les nations. Je ferai pour elle ce que j’ai fait pour les Vers dorés de Pythagore, dans les examens desquels j’ai prouvé que les idées philosophiques et théosophiques qui y sont contenues avaient été les mêmes dans tous les temps et chez tous les hommes capables de les concevoir. J’avais auparavant indiqué l’origine de la poésie, et fait voir en quoi son essence diffère de sa forme : ceci tenait toujours à l’histoire de la terre; car les premiers oracles s’y sont rendus en vers; et ce n’est pas à tort que la poésie a été nommée la langue des Dieux. Parmi les morceaux que j’avais travaillés pour entrer dans le grand ouvrage dont j’ai parlé, ceux qui m’ont paru le plus dignes de voir le jour sont ceux qui ont rapport à l’état social de l’homme, et aux diverses formes de gouvernement. Quand même je n’aurais pas été poussé à les publier pour fournir des matériaux utiles à ceux qui voudront se livrer aux mêmes études que moi, il me semble que les circonstances imminentes dans lesquelles nous nous trouvons m’y auraient déterminé. Tout le monde est occupé de politique, chacun rêve son utopie, et je ne vois pas, parmi les ouvrages innombrables qui paraissent sur cette matière, qu’aucun touche aux véritables principes : la plupart, loin d’éclaircir cet important mystère de la société humaine, du nœud qui la forme et de la législation qui la conduit, paraissent, au contraire, destinés à le couvrir des plus épaisses ténèbres. Eu général, ceux qui écrivent sur ce grave sujet, plus occupés d’eux-mêmes et de leurs passions particulières, que de l’universalité des choses, dont l’ensemble leur échappe, circonscrivent trop leurs vues, et montrent trop évidemment qu’ils ne connaissent rien à l’histoire de la terre. Parce qu’ils ont entendu parler des Grecs et des Romains, ou qu’ils ont lu les annales de ces deux peuples dans Hérodote ou Thucydide, dans Tite-Live ou Tacite, ils s’imaginent que tout est connu : trompés par des guides, enivrés de leur propre idée, ils tracent à leur suite, de mille manières, le même chemin dans des sables mouvants ; ils impriment sans cesse de nouveaux pas sur des vestiges effacés, et finissent toujours par s’égarer dans des déserts ou se perdre dans des précipices. Ce qui leur manque, c’est, je le répète, la connaissance des véritables principes ; et cette connaissance qui dépend de celle de l’universalité des choses, en est toujours produite, ou la produit irrésistiblement. J’ai bien longtemps médité sur ces principes, et je crois les avoir pénétrés. Mon dessein est de les faire connaître ; mais cette entreprise n’est pas sans quelque difficulté ; car, quoique ces principes aient un nom très connu et très usité, il s’en faut de beaucoup que ce nom donne la juste idée de la chose immense qu’il exprime. Il ne suffi rait donc pas de nommer ces principes pour en donner même la plus vague connaissance; il ne suffi rait pas non plus de les définir, puisque toute définition de principes est incomplète, par cela même qu’elle définit ce qui est indéfinissable, et donne des bornes à ce qui n’en a pas. Il faut, de toute nécessité, les voir agir pour les comprendre, et chercher à les distinguer dans leurs effets, puisqu’il est absolument impossible de les saisir dans leur cause. Ces considérations, et d’autres qui se découvriront facilement dans le cours de cet ouvrage, m’ont déterminé à laisser d’abord de côté la forme didactique ou dogmatique, pour prendre la forme historique, afin d’avoir occasion, de mettre en action ou en récit plusieurs choses dont les développements m’auraient été interdits autrement, ou m’auraient entraîné dans des longueurs interminables. Cette forme historique que j’ai principalement adoptée m’a d’ailleurs offert plusieurs avantages : elle m’a permis non seulement de mettre souvent en scène et de personnifier même les principes politiques, pour en faire mieux sentir l’action ; mais elle m’a donné lieu de présenter en abrégé le tableau particulier de l’histoire de la terre sous le rapport politique, tel que je l’avais originellement conçu, et que je l’avais déjà esquissé, pour le faire entrer comme partie intégrante dans le tableau général dont je m’occupais. J’ose me flatter qu’un lecteur, curieux de remonter des effets aux causes, et de connaître les événements antérieurs, me pardonnera les détails trop connus dans lesquels je suis forcé d’entrer, en faveur des choses peu connues ou complètement ignorées que je lui montrerai pour la première fois. Je pense aussi qu’il me permettra quelques hypothèses indispensables dans le mouvement transcendantal que j’ai pris vers l’origine des sociétés humaines. Sans doute qu’il ne me demandera pas des preuves historiques à l’époque où il n’existait pas d’histoire, et qu’il se contentera de preuves morales ou physiques que je lui donnerai; preuves tirées des déductions rationnelles ou des analogies étymologiques. Il lui suffi ra de voir, quand les preuves historiques viendront, qu’elles ne contredisent en aucune manière ces premières hypothèses, qu’elles les soutiennent, au contraire, et qu’elles en sont soutenues. Il ne me reste plus, pour terminer ce préambule, qu’un mot à dire, et ce mot est peut-être le plus important. Nous allons nous entretenir de l’Homme ; et cet être ne nous est encore connu ni dans son origine, ni dans ses facultés, ni dans l’ordre hiérarchique qu’il occupe dans l’univers. Le connaître dans son origine, c’est-à-dire dans son principe ontologique, nous est inutile pour le moment, puisque nous n’avons pas besoin de savoir ce qu’il a été hors de l’ordre actuel des choses, niais seulement de connaître ce qu’il est dans cet ordre : ainsi nous pouvons laisser à la cosmogonie, dont l’ontologie proprement dite constitue une partie, le soin de nous enseigner l’origine de l’homme, comme elle nous enseigne l’origine de la terre ; c’est dans les écrits de Moise et des autres écrivains hiérographes que nous pouvons apprendre ces choses ; mais nous ne pouvons nous dispenser d’interroger la science anthropologique si elle existe, ou de la créer si elle n’existe pas, pour nous instruire de ce qu’est l’homme eu tant qu’homme, quelles sont ses facultés morales et physiques, comment il est constitué intellectuellement et corporellement, de la même manière que nous interrogerions la science géologique ou géographique, si nous voulions nous occuper des formes intérieures ou extérieures de la terre. Je suppose que ces deux dernières sciences sont connues de mes lecteurs, du moins en général, et qu’il a sur l’homme corporel autant de notions positives qu’il lui en est nécessaire pour lire l’histoire commune, telle qu’elle est vulgairement écrite. Mais mon intention, en traitant de l’état social de l’homme, et de l’histoire politique et philosophique du genre humain, n’étant pas de répéter ce qu’on trouve partout ; mais voulant, au contraire, exposer des choses nouvelles, et m’élever à des hauteurs peu fréquentées, j’ai besoin de faire connaître d’avance la constitution intellectuelle, métaphysique de l’homme, telle que je la conçois, afin que je puisse me faire entendre quand je parlerai du développement successif de ses facultés morales, et de leur action. ...

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