Lucieto Charles - La louve du Cap Spartiventi N° 4


Auteur : Lucieto Charles
Ouvrage : La louve du Cap Spartiventi N° 4 Les merveilleux exploits de James Nobody Les coulisses de l’espionnage international
Année : 1929

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Où James Nobody est prié d’intervenir. Ce qui devait inéluctablement se produire se produisit... Les meilleurs agents de la brigade de police politique, — Dieu sait, cependant, s’il en était d’habiles, — ayant fait preuve, en cette affaire, d’une rare incompétence, il fallut bien que Sir Harold Kilney, ministre des Colonies, demandât à James Nobody de bien vouloir l’étudier à son tour. Encore que n’ayant plus aucune attache officielle avec les services secrets britanniques dont, au cours de la guerre, il avait été l’un des meilleurs agents, le grand détective n’en répondit pas moins avec empressement à l’appel du haut dignitaire, et, toutes affaires cessantes, se mit à son entière disposition. Les faits, somme toute, étaient d’une simplicité extrême et se pouvaient ainsi énoncer : Toutes et quantes fois qu’un navire de commerce britannique quittait Hong-Kong pour apporter à Shang-Haï les armes et les munitions qu’y attendaient les représentants du maréchal Tchang‑Tso‑Liu, alors en lutte contre l’armée rouge formée et subventionnée par Moscou, oncques n’en entendait plus jamais parler. C’est ainsi que, en moins d’un mois, sept splendides cargos, récemment sortis des chantiers de la Clyde et qui, soit comme navires auxiliaires, soit comme transports de troupes comptaient parmi les plus belles unités de l’escadre de réserve que commandait, dans les mers de Chine, le vice-amiral Wood : le « Héros des Falklands », étaient partis qui n’étaient pas rentrés, L’enquête immédiatement entreprise pour les retrouver n’ayant rien « donné », le mystère qui entourait leur disparition demeurait entier. Tant et si bien que l’affolement consécutif à cette affaire qui, tout d’abord s’était manifesté à Shang-Haï, avait gagné Hong-Kong, puis Londres et, s’étendant de proche en proche, s’emparait des esprits les plus pondérés, les obnubilait et bouleversait ainsi toutes les classes de la société britannique. Bien que, en effet, les finances du Royaume-Uni fussent prospères et les équipages des « Royal Marine » pléthoriques, ce n’est pas sans angoisse que le peuple anglais, un des plus ombrageux qui soient, voyait ainsi s’écouler par cette plaie sécrète son or et son sang. Prompt à s’émouvoir, parce que fier à juste titre de son passé millénaire, il comprenait mal ce nouveau désastre qui, venant s’ajouter aux révoltes incessantes qu’il avait dû réprimer en Irlande, en Égypte, aux Indes et en Chine, lui laissait pressentir que, atteint dans ses oeuvres vives, il lui faudrait combattre pour ne pas mourir... Combattre ? Sans doute ! Mais, combattre qui ? On ne se bat pas contre le fluide ? On ne le saisit pas ! Or, c’était de cela qu’il s’agissait, puisque, tel le fluide, l’auteur de ces méfaits s’avérait insaisissable. Trop averti pour ne pas se rendre compte que la « fatalité » n’intervenait pour rien en cette affaire et qu’elle n’avait rien de commun avec l’adversaire qui, tapi dans l’ombre, l’étreignait à la gorge, il s’en était pris au Gouvernement responsable auquel, il avait demandé des comptes. Et avec quelle énergie ! Dans la rue, aux Communes, à la Chambre des Lords même, des manifestations s’étaient produites qui n’avaient pas de précédents dans l’histoire de ce peuple au flegme légendaire et au cours desquelles, oubliant leurs querelles intestines, faisant table rase de leurs conceptions politiques, conservateurs, libéraux et travaillistes, avaient clamé leur colère et leur indignation. La presse elle-même, pourtant si pondérée, avait pris position et, en des articles d’une virulence inouïe, avait exigé, soit l’arrestation des coupables, soit la démission du Cabinet. Il convenait donc, afin de calmer cet émoi, et aussi pour ne pas devenir. la risée du monde entier, — d’expliquer aux masses britanniques ce qui, en apparence, s’avérait inexplicable... C’est ce que Sir Harold Kilney, l’éminent homme d’État qui présidait aux destines du Colonial- Office, venait d’exposer à James Nobody, lequel, calme et froid à son ordinaire, l’avait écouté avec la plus extrême attention. Après quoi, le ministre avait ajouté : — L’attaque ayant été foudroyante, il importe que notre riposte le soit également. C’est pourquoi, conscient de ne pouvoir mieux faire, le Roi, la nation et moi remettons entre vos mains le soin d’assurer le salut de nos escadres de Chine, la sauvegarde de notre dignité et notre désir de revanche. Ce à quoi, avec sa simplicité habituelle et son beau sourire, James Nobody avait répondu : — Vous pouvez compter sur moi, Sir. Je saurai faire mon devoir. Et, deux jours plus tard ayant mis ordre à ses affaires personnelles et s’étant fait remettre les pouvoirs nécessaires à l’accomplissement de sa mission, il était parti, en compagnie de ses deux fidèles lieutenants, Bob Harvey et Harry Smith, pour le Yang-Tsé-Kiang le grand fleuve à l’embouchure duquel se trouve Shang-Haï. Imités en cela par les autres peuples, que l’attitude récemment adoptée par les Sudistes chinois inquiétait sérieusement, les Anglais avaient fait de Shang-Haï, ou plutôt de la concession qu’ils y occupent, une citadelle imprenable. A l’entour de cette concession, dont on ne peut s’imaginer l’aspect féerique, tant y abondent monuments splendides et somptueux magasins, veillaient, l’arme au poing, dissimulés derrière des sacs à terre et protégés par des barbelés, soldats, volontaires et policiers. L’oeil fixé sur la cité chinoise, grouillante d’insurgés que « travaillaient » les meneurs bolchevistes, ils attendaient l’attaque, prêts à la repousser... A l’intérieur même de la concession que parcouraient incessamment autos-mitrailleuses, et autos-canons, de nombreuses patrouilles maintenaient un ordre rigoureux, expulsant sans le moindre ménagement les éléments suspects qui avaient réussi à s’y introduire. Il est juste de déclarer que dans les autres concessions, — et dans la concession française notamment, — il en était de même, tant et si bien que de l’avenue du Maréchal-Joffre aux grands entrepôts internationaux, James Nobody ne compta pas moins de dix patrouilles dont les uniformes différaient essentiellement, puisqu’ils allaient du bleu horizon des capotes de nos fusiliers-marins, au griggio-verde des carabiniers italiens, en passant par le kaki aux tons semblables des Anglais et des Américains, et le vert sombre des volontaires de la brigade russe. By Jove ! murmura le grand détective, vivement intéressé par ce déploiement de forces, que soulignait encore la présence des navires de l’escadre internationale ancrée dans le Yang-Tsé ; sauf erreur de ma part, ce n’est, pas encore demain que mon vieil ami Borodine entrera à Shang-Haï. Et, un sourire aux lèvres, il se dirigea vers le palais du Gouvernement qui, non loin de là, dominait la ville de sa masse imposante. A l’époque où se situe le drame, dont j’entreprends de narrer les émouvantes péripéties, Shang-Haï était administrée, sinon gouvernée, par une Commission internationale que présidait lord James Burton, celui-là même qui réprima avec la rigueur que l’on sait les émeutes sanglantes dont, en l’an 1922, l’Irlande et Dublin furent le théâtre. Ayant une très haute conception du devoir, lord James Burton n’admettait pas qu’on put le transgresser. Pour lui, seule la ligne droite comptait. Cassant, autoritaire, volontairement distant, il était dur aux autres comme à lui-même et, faisant abstraction du droit, déclarait volontiers à qui voulait l’entendre que la force primait tout. Tenant pour des rebelles avérés ceux qui se permettaient la moindre infraction aux règlements découlant de l’état de siège, il sévissait contre eux, qu’ils fussent Européens ou Chinois, avec une rigueur d’autant plus grande, que leur rang social était plus élevé. C’est pourquoi, bien, que l’affaire ne le regardât en rien, — l’amiral Wood étant maître à son bord après Dieu, — il avait donné à entendre à ce dernier qu’il le tenait pour responsable de la défaite que, privés d’armes et de munitions, venaient de subir les Nordistes, lesquels, battus à plate couture, s’étaient débandés puis enfuis, ouvrant ainsi la route de Shang-Haï aux troupes à la solde de Moscou que commandait le général soviétique Gallen. L’amiral, qui n’avait rien à se reprocher et dont la qualité dominante n’était certes pas la patience, s’était fâchée et, vertement, avait signifié à lord James Burton qu’il ait, désormais, à s’occuper de ce qui le concernait en propre, c’est-à-dire de l’administration de sa concession et non de celle de l’escadre. Placée sur ce terrain, la discussion s’était envenimée à ce point que, au moment où James Nobody arriva à Shang-Haï, la tension existant entre ces deux hauts personnages rendait pratiquement impossible toute tentative de conciliation. Le grand détective ne s’en serait pas autrement soucié, si sa mission n’avait eu à souffrir de cet état de choses. ...

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