Auteur : Markale Jean
Ouvrage : Anne de Bretagne
Année : 1980
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Avant-propos. L’Histoire est toujours surprenante dans la mesure où elle n’est qu’un reflet d’images plus ou moins inversées, comme dans un miroir, où nous nous projetons sans cesse avec des motivations variées. En fait, nous ne voyons pas ces images, nous les interprétons selon notre goût et selon notre désir du moment. D’ailleurs, si ces images représentent des événements ou des personnages du passé, elles sont nécessairement inertes, mortes, figées dans le fond des mémoires. Pour les faire surgir devant nous, nous utilisons des artifices, des ruses parfois, de façon à les susciter, comme par magie, et à leur faire jouer un rôle que nous ne connaissons que par témoignage. D’où la finalité douteuse de l’Histoire. S’agit-il d’une évocation adroite des événements d’un passé révolu, ou s’agit-il d’un effort de compréhension sur ce qui a réellement eu lieu ? Chacun choisit la voie qui lui convient. Mais il me semble plus intéressant de poser des questions plutôt que d’affirmer ex cathedra que les choses se sont passées comme on le décrit. La description sera toujours fausse, parce qu’elle sera l’oeuvre d’un écrivain qui, avec les meilleures intentions du monde, ne pourra s’empêcher de projeter sur la scène ses propres concepts, pour ne pas parler de ses fantasmes. Il est vain d’affirmer que l’Histoire puisse être objective. Elle ne peut l’être que si elle n’est plus récit, mais équation pure. Encore faudrait-il interpréter cette équation, et cette seule interprétation remettrait en cause toute l’objectivité du travail précédent. Chaque époque impose fatalement un mode de penser. Ce mode de penser et d’écrire se répand sournoisement dans chaque parole prononcée, dans chaque phrase écrite. Il serait stupide de nier ce fait. Alors, pourquoi se quereller à propos de termes jugés impropres ? Ils seront toujours impropres à traduire la réalité profonde, celle qui, par le plus grand des paradoxes, n’existe pas, puisque la réalité ne peut être saisie que sous ses aspects sensibles ou intelligibles et qu’elle demeure un mystère, donc confine à l’inexistant. On a cependant cherché à cerner le réel au plus près. On n’a jamais réussi qu’à trouver une vérité. Et lorsque certains se sont imaginé que ce n’était pas une vérité, mais la Vérité, unique et pure, ils ont fait un grand pas en arrière, ce qui les a conduits, dans le domaine historique, à des aberrations malheureusement dangereuses pour les êtres humains, fanatisés ou accablés, de toute façon victimes. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
Auteur : Aubert Edouard Ouvrage : La vallée d'Aoste Année : 1860 Lien de téléchargement :...