Martigues Claire - Le pacte de Reims et la vocation de la France


Auteur : Martigues Claire
Ouvrage : Le pacte de Reims et la vocation de la France
Année : 1962

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Le pacte de Reims. Ces mots évoquent, dans notre esprit, un souvenir lointain de la leçon d'histoire distraitement apprise... Une vision confuse, où se mêlent des casques gaulois, des guerriers aux moustaches tombantes, dont l'image nous faisait sourire une colombe étendant ses ailes au-dessus de Clovis, tandis que saint Rémi versait l'eau baptismale sur la tête du vainqueur de Tolbiac. Et c'est tout... pour la majorité des Français... Qu'importe, à nos lycéens d'aujourd'hui, cette vieille histoire qu'on apprend en dixième. Quel rapport y a-t-il entre ces faits anciens, d'un autre âge, et le progrès intellectuel, scientifique et philosophique moderne ? N'est-ce pas perdre son temps que de vouloir tirer des cendres de l'oubli cet événement historique ? Cependant, il n'en est pas de plus glorieux, mais, aujourd'hui, de plus tragiques... capables d'intéresser le lecteur. Et c'est sur ce Pacte de Reims qu'il nous faudra, bon gré mal gré, replacer notre Histoire moderne, celle qu'on n'apprend pas dans les livres, mais celle que l'on vit soi-même au jour le jour... La vocation du peuple franc. Examinons, tout d'abord, ce que l'on entend par « Vocation de la France ». Lorsqu'il s'agit d'une "vocation" dans le sens vrai du mot, quatre choses se rencontrent habituellement pour témoigner de la véracité de l'appel : — la préparation, — les instruments, — l'appel proprement dit, qui revêt souvent la forme d'une épreuve, — la ratification par l'autorité responsable. Que la France ait reçu de Dieu une mission spéciale à remplir dans le monde, le fait n'est plus guère contesté, tant les preuves de son zèle missionnaire et de ses capacités civilisatrices abondent. Les plus sectaires de nos hommes d'État ont dû, eux-mêmes, en convenir. Mais, ce qui est moins connu, c'est la manière solennelle employée par la Providence pour signifier à notre Patrie sa vocation glorieuse. Ce passé débordant d'esprit chrétien et chevaleresque heurtait trop vivement les opinions athées de nos gouvernants d'hier pour qu'ils ne fissent pas l'impossible pour en voiler l'éclat aveuglant. On a volontairement recouvert des cendres de l'oubli les faits imprégnés de surnaturel de notre Histoire nationale. La séparation de l'Église et de l'État a accentué cette démarcation, dont les conséquences se révèlent des plus graves et les générations instruites selon les méthodes de l'école publique en sont arrivées à ignorer complètement les événements qui décidèrent du sort de la France et fixèrent, à jamais, l'orientation de son activité diplomatique, politique et sociale. On a voulu imposer d'autres mystiques, créer un idéal basé sur le progrès, la science, la technique, les vertus civiques, sans voir qu'en reniant les principes fondamentaux de la morale chrétienne on sapait, du même coup, nos plus solides assises nationales. Examinons, maintenant, si la « vocation » de la France s'accompagne des signes cités plus haut. la préparation Dans notre précédent ouvrage, nous avons vu comment nos premiers ancêtres connus, les Ligures, croyaient à la survie de l'âme, et dressaient des "dolmens" sortes de monuments de pierre, destinés à honorer leurs défunts. Les invasions celtiques refoulèrent les Ligures jusqu'aux Pyrénées : il en résulta un mélange de races et les habitants de la Gaule prirent alors le nom de Gaulois. Ces hommes adoraient les forces de la nature, et chaque cité possédait son dieu protecteur. « Les Druides de Gaule avaient, consciemment ou inconsciemment, préparé le règne du Christ ». Vers le milieu du deuxième siècle de notre ère, les débuts du christianisme furent sanglants dans notre pays ; les noms de nos premiers martyrs figurent dans tous les manuels d'Histoire de France. Jusqu'ici, rien ne distinguait notre Patrie des nations voisines ; l'évolution était générale ; les invasions rendaient les conquêtes et l'évangélisation précaires ; c'était encore la période d'enfantement. Il manquait un lien moral à toutes ces peuplades sans cesse en guerre les unes contre les autres ; l'homme était un "loup" pour l'homme ; la loi du plus fort prévalait partout. Peu à peu, les missionnaires chrétiens se multipliaient, cherchant à répandre la nouvelle doctrine d'amour et de fraternité destinée à pacifier le monde et à le rendre, enfin, habitable. Il fallait, pour cela, des instruments, car Dieu se sert des causes secondes pour accomplir ses desseins. Après s'être choisi les premiers apôtres, le Seigneur voulut s'allier une nation qui serait son "instrument" dans le monde et dont le "Chef" serait son "Lieutenant". Ce fut le peuple franc qui fut désigné. « Au moment où se signa, dans l'Histoire, l'acte de naissance de la France, l'heure était mal choisie pour un pareil baptême. Le colosse romain venait de s'effondrer sous les coups des Barbares ; ses débris jonchaient l'univers. Des peuples, jusque là inconnus, arrivaient des plages glacées du Nord et se disputaient ses provinces. Vingt races ennemies passaient et repassaient sur la scène du monde, ravageant tout. L'ancienne Société n'existait plus ; la nouvelle n'était pas née... « La race choisie du Ciel pour former la première nation du monde à venir ne paraissait pas destinée à cette vocation ». Les Francs n'occupaient, à cette époque, qu'un mince territoire à l'embouchure du Rhin ; la Confédération française se divisait en deux groupes : les Saliens et les Ripuaires se partageant, à leur tour, en différentes familles rivales. Cette Confédération, si faible, si divisée, si mal organisée pour l'action, ne pouvait conquérir son territoire qu'en luttant contre de redoutables ennemis. Monseigneur Fèvre met bien en relief l'évolution de la nation franque : « Au Nord, elle se voyait pressée par l'irrésistible torrent des invasions qui tombaient des hautes montagnes de l’Asie et se précipitaient jusqu'aux confins du monde connu ; au Sud, elle confinait à des peuplades barbares ; plus outre, elle rencontrait les Romains avec la vaillance de leurs légions, les combinaisons de leur administration et la grandeur de leurs souvenirs. « Plus outre, encore, elle se heurtait à la Confédération armoricaine, plus surprise que vaincue par César, au royaume des Burgondes, qui s'étendait de Langres à Marseille, à l'empire des Wisigoths qui se déployait des rives de la Loire aux Colonnes d'Hercule, au Sud de l'Espagne. « En présence d'ennemis si nombreux et si puissants, il fallait, pour fonder la France, arrêter le flot des invasions germaniques, refouler les Barbares établis, abattre les derniers restes de la puissance romaine, briser les liens séculaires de l'Armorique, renverser les trônes des Burgondes, expulser les successeurs d'Alaric. Tâche impossible, reconnaissons-le, pour une race si faible en d'aussi tristes temps. « Eh bien ! cela s'est fait tout d'un coup et c'est à ce coup merveilleux que nous devons l'honneur d'être les aînés de l'Europe chrétienne. Les enfants connaissent cette histoire, mais les hommes inclinent toujours à l'oublier. Ne craignons donc pas de le redire : en vingt-cinq ans, avec quatre ou cinq victoires, sans extermination, par la conquête et la fusion des races, Clovis a donné à la France un territoire tel que ni Charlemagne, ni Napoléon n'ont pu en reculer les limites ». Ici apparaît alors le signe habituel qui marque la préférence divine dans le choix de ses instruments : l'incapacité et la disproportion flagrante qui existe entre le moyen et le but. Un autre signe de la prédilection divine est l'épreuve qu'eût à subir le peuple franc avant de connaître le triomphe, ce furent les rudes combats qu'ils durent soutenir contre leurs voisins. C'est ainsi que le Seigneur forge ses meilleurs instruments. Il ne suffisait pas de tenir en réserve une masse d'hommes pour en faire des disciples ; il fallait, en outre, leur préparer un Chef capable de les entraîner, de les discipliner. Ce fut Clovis, dont la merveilleuse épopée mériterait d'inspirer plus de chefs-d’oeuvre. La conversion de Clovis ne s'est pas faite en un jour et, pour accomplir son œuvre, la grâce a dû briser bien des obstacles ; cependant, il est indéniable que le Chef franc a ressenti, à plusieurs reprises, de l'attirance pour la religion chrétienne ; son mariage avec une princesse catholique prouve que, loin d'avoir de la répulsion pour les disciples du Christ, il appréciait leur valeur. Les miracles opérés par les Saints Évêques de la Gaule l'impressionnaient aussi beaucoup et Clotilde pourra dire, plus tard, à ses petits-enfants : « Votre grand-père était tenté de se faire arien, comme les autres rois germaniques. Il s'est fait catholique parce qu'il a vu de grands miracles à Tours, au tombeau de saint Martin, tandis qu'il ne voyait pas de miracles chez les ariens ». Le moyen préparatoire le plus remarquable qui influença Clovis fut, sans contredit, la présence des chrétiens de choix, dont Dieu s'est plu à entourer le chef franc. ...

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