Auteur : Sainte Thérèse d'Avila (Teresa Sánchez de Cepeda Dávila y Ahumada)
Ouvrage : Le chemin de la perfection Manuscrit de l'Escorial
Année : 1569-1576
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Prologue. 1. Les soeurs de ce monastère de Saint-Joseph ont su que le Père Présenté (titre que l'on donnait dans certains Ordres religieux aux théologiens consommés), Frère Dominique Banez, de l'Ordre de saint Dominique, actuellement mon confesseur, m'avait permis d'écrire sur l'oraison ; il semble en effet qu'ayant traité avec un grand nombre de personnes spirituelles et saintes, je pourrai y réussir. Elles n'ont donc cessé de m'importuner pour que je me mette à l'ouvrage, tant leur amour pour moi est grand. Il existe de nombreux livres sur la prière, écrits par des auteurs qui savent – et ont su – ce qu'ils disent, mais il semble que l'amour rende plus agréable des choses énoncées en un style imparfait et défectueux qu'en un autre absolument parfait. Et, je le répète, le désir que j'ai vu en elles était si fort et l'importunité si grande que je me suis décidée à écrire. Grâce à leur prière et à leur humilité, le Seigneur voudra peut-être que je parvienne à dire quelque chose qui leur soit profitable, et il me le donnera pour que je le leur donne. Si je n'y réussissais pas, le Père Présenté dont j'ai parlé et qui verra tout d'abord cet écrit, le brûlera ; moi, je n'aurai rien perdu en obéissant à ces servantes de Dieu, et elles verront ce que je peux par moi-même quand Sa Majesté ne m'aide pas. 2. Je pense indiquer quelques remèdes à des tentations de religieuses et exposer le dessein que j'ai eu en fondant cette maison. Je veux dire "fonder" sur la base de la perfection qui y règne (sans compter qu'il s'agit de choses ordonnées par notre Constitution) ; je parlerai aussi des choses que le Seigneur me fera le mieux comprendre, selon l'intelligence que j'en aurai et comme le souvenir s'en présentera ; mais comme je ne sais pas ce qu'il en sera, je ne peux le faire avec ordre, et mieux vaut d'ailleurs qu'il n'y en ait pas, tant il est peu dans l'ordre que je me mette à écrire sur ce sujet. Que le Seigneur dirige tout cet écrit afin qu'il soit conforme à sa volonté ; c'est là mon constant désir bien que mes oeuvres soient aussi imparfaites que moi. 3. Je sais que l'amour et le désir ne me manquent pas pour aider, autant que je le pourrai, les âmes de mes soeurs à faire de grands progrès dans le service du Seigneur ; cet amour, joint à l'âge et à l'expérience que j'ai de quelques monastères, pourra faire que je réussisse à parler de menues choses mieux que les théologiens qui, pour avoir des occupations plus importantes et être des hommes forts, ne font pas autant cas de choses, qui en soi, ne semblent rien mais, pour nous femmes qui ne sommes que faiblesse, tout peut nous porter préjudice. En effet, les ruses du démon envers les femmes vivant en stricte clôture sont nombreuses, et il voit que des armes nouvelles lui sont nécessaires pour leur nuire. Moi, misérable, j'ai mal su me défendre ; aussi, je voudrais que mes soeurs tirent un profit de mes erreurs. Je ne dirai rien que je n'aie expérimenté personnellement, ou vu chez d'autres, ou bien que le Seigneur ne m'ait donné à comprendre dans l'oraison. 4. Il y a peu de jours j'ai écrit une relation de ma vie. Peut-être mon confesseur ne voudra-t-il pas que vous la lisiez ; aussi j'écrirai ici certaines choses sur l'oraison concordant avec celles que j'y ai dites, et j'en ajouterai d'autres si elles me paraissent nécessaires. Que la main du Seigneur supplée à la mienne dans cet écrit comme je l'en ai supplié, et le dirige à sa plus grande gloire, amen. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
Auteur : Aubert Edouard Ouvrage : La vallée d'Aoste Année : 1860 Lien de téléchargement :...